samedi 31 août 2019

Aladdin le live: critique (05)

Critique partie 01
Critique partie 02
Critique partie 03
Critique partie 04
Critique partie 05




Le grande force des remakes, ce sont souvent les musiques. Celui-ci ne fait exception, et pour cause, le compositeur est celui d'origine, Alan Menken soi-même. On aurait  pu plaquer la BO d'origine, mais elle a été réorchestrée magnifiquement.






On attend forcément les chansons au tournant. Nuits d’Arabie, rien à dire, elle n'a presque pas changé sauf au niveau des paroles en français.


Et là, bizarrement, Je vole passe mieux pour moi (le tempo est moins rapide puisque moins d'effets comiques) mais on aurait presque pu s'en passer.



Il y a sa première reprise triste, après l'accrochage avec un garde, mais ici,



il y  en a une deuxième, bien plus tard. Au lieu d'un court monologue révélant l' intention  d'Aladdin d'en finir avec la couverture du prince Ali, il y a ici un couplet qui finit par "même si elle s'en va loin de moi", assez touchant (et c'est rare, vous verrez...) en dépit d'une redondance qui fait mal aux oreilles: "Adieu ces mensonges, j'veux plus mentir".



Je suis ton meilleur ami, je dois le dire,  et Prince Ali sont assez scrupuleusement respectées, si ce n'est qu'en l'absence d 'animation dérangée ça va moins vite (enfin, surtout la deuxième). Mais question effets spéciaux avec la première chanson, c'est plein la vue, pas mal du tout.






Hélas, la chanson phare, Ce rêve bleu, est loupée...pas musicalement, elle est bien orchestrée et rechantée. Outre que le voyage est trop restreint et court, quelle pitié de voir les acteurs se cramponner et être rigides comme s'ils craignaient de tomber...Ce qui risquerait réellement d'arriver sur un tapis volant, en fait.



Certes, on pouvait faire sans l'oiseau qui croasse ou le nez du sphinx qui tombe (les réalisateurs, selon le commentaire en DVD, se sentaient obligés de mettre un gag "quand c'était trop mielleux". Ils trouvaient ça mielleux? Ça ne m' avait pas frappée).



Mais je regrette vite le média animation et des acrobaties comme le tapis qui fait un looping et les rattrape au vol, monte et descend, les nuages qui restent dans les mains après être traversés...Ça ne risquerait pas d'arriver ici avec les acteurs qui semblent obligés de rester statiques. Quand on pense que dans la version animée, Jasmine semblait vraiment heureuse pour la première fois depuis le début du film...ce qu'on ne voit pas ici.  La VF, en outre, connait quelques couacs, "sur les chevaux du vent" s'accompagne de dauphins, et "Je me sens si légère" est reprise en duo.



Au final manque totalement la sensation de rapprochement émotionnel des deux personnages- l'une des scènes du genre les plus magistrales du cinéma. Honteux, quand on sait que cette chanson mythique était restée encore plus longtemps au Top 50 que Libérée, délivrée. C'est à la fois un échec sur le plan émotionnel,  les acteurs évitant au maximum de se toucher ( y compris dans la scène qui suit) . Se prendre la main à la fin de la séquence, ce n’était  pourtant pas difficile à faire mais la caméra s'éloigne d'eux à ce moment-là . Sur le plan du développement de personnage de Jasmine,  car je l'ai dit, sa joie ne se voit pas du tout. Et sur le plan du dépaysement à cause du périmètre trop restreint, c'est plus un simple changement de perspective qu'un voyage magique.


Reste que s'ils l'ont laissée, c'est qu'ils n'en n'ont pas la lecture parfois faite: l'homme  qui est toujours l'initiateur dans la découverte des choses à montrer à une femme, donc c'est réducteur, pour elle. Et bien là, pour moi ça se justifie en ce que la découverte du monde réel, ça doit être l'une des seules choses qu'il sache mieux qu'elle, dans ce film.  Et puis l'homme est souvent l'initiateur, au cinéma, quand il s'agit de... Bon,  vision freudienne, mais ces dernières années, une lecture de la chanson comme une scène d'envoyage en l'air (littérale)  a parfois été faite!



 Speechless ou Parler en français  a un nom tiré du premier film, quand Jasmine apprend la demande en mariage forcé de Jafar.



Elle est légitimement sidérée, et il commente "Vous êtes sans voix", speechless en VO. Et ajoute que c'est une excellente qualité chez une épouse, toujours en VO...

...Oui.


La chanson a été écrite par Benj Pasek et Justin Paul, à l'oeuvre derrière La la land ou The greastest showman. Et ça s'entend. On dirait un enfant magistral  entre Libérée, délivrée (qu'Alan Menken devait regretter de ne pas avoir composée) et This is me ("Je suis moi")  de The greastest showman.




La VF est un peu vigoureuse ("Je pourrais tuer, même pire",  là où Jasmine chantait en VO "Ne me sous-estimez pas".) Le mouvement #Metoo aurait inspiré la chanson, et ça s'entend.








En fait, depuis 2016, et l'élection de Trumpy-Trump, je guette particulièrement toutes ces œuvres produites entre 2017 et 2018 (que nous voyons maintenant, donc) et créés dans l'état de choc qui a suivi. Le choc de voir succéder immédiatement au premier président métisse américain, un homme  blanc qui était tout son contraire, et au détriment d'une femme bien plus expérimentée et compétente.



Un recul monstrueux, et une claque gigantesque à toutes les minorités américaines. Les noirs, les femmes, mais aussi les autres, comme les LGBT. Les femmes seront parmi les premières, avec leur marche de janvier 2017, à faire savoir que non, elles n'accepteraient pas de revenir en arrière.
Pour les américains, reculer signifierait revenir à la ségrégation raciale.



Déjà, dans les années 1960, les droits civiques pour les minorités avaient inspiré la culture à travers des métaphores, comme les Xmen rejetés par les normaux. La situation présente inspire encore bon nombre d'oeuvres métaphoriques comme le téléfilm Disney channel Z-O-M-B-I-E-S sorti en 2018. Les zombies vivent une forme de ségrégation, comme pour nous demander "Sérieusement, c'est à ça que vous voulez revenir?"


Double lecture encore  avec  The greastest showman et This is me, où les freaks représentent à l'évidence les minorités opprimées, en chantant "Je n'ai pas peur d'être vu(e)".


Et entendu(e), aussi, le choc des élections de 2016 ayant libéré la parole de femmes victimes d'abus en Amérique. Parler sera à classer parmi ces œuvres métaphoriques. Son emplacement dans le film m'a paru d'autant plus symbolique que le climax original est juste bourré d'abus en tout genre envers le personnage féminin ( dégradation, esclavage forcé, consentement tout aussi forcé, détournement de mineur, menace physique, harcèlement...) J'en avais  des frissons, d'autant que fini l'auto tune à la Emma Watson,  Naomi Scott et Hiba Tajawi savent  réellement chanter (mais il y aurait eu de l'auto tune pour Will Smith).

Oui, mais: on sent que c'est la version animée qui était à l'esprit de ceux qui ont écrit la chanson, et Dieu sait si j'aurais voulu voir celle-ci l' interpréter  plutôt  qu'être esclavagée puis jouer les femmes exotiques allumeuses  (mais cela aurait il empêché qu'on aie la reprise de Prince Ali aussi? Bonne question). Problème, Naomi Scott n'est pas la version animée. Elle est au contraire, paradoxalement, la version la  plus timide et celle qui ose le moins parler fort. Oui, de toutes, y compris Karen David et Courtney Reed. Et voilà pourquoi la chanson fait si peu sens quand c'est elle qui l'interprète, elle, trop trouillarde pour oser sauter de toit en toit ou même pour être impertinente au quotidien, comme la princesse fougueuse à  qui on est habitués (beau gâchis...personne de tenté par une animation de fan? *wink, wink*). Sans parler du fait que la chanson n'est pas très bien placée, et aurait dû rester au moment où on entend les premières mesures. Là, ce solo n'est en fait qu'imaginaire. Mais en plus, juste après, oups, Jafar souhaite être un sorcier et neutralise instantanément les gardes-et Jasmine. Sa révolte n'aura servi à rien. Bon ben, merci quand même?



Cette chanson précède le climax, et mon Dieu, que le fait qu'il soit différent fait du bien (enfin au début, car j'aurais bien revu le serpent).Voilà une chose cassée qu'il fallait réparer, en effet. Le spectateur de base s'attendait à se rincer l’œil sur une rendition du costume d'esclave et scène de drague et tout...et bien remontez vos braguettes tout de suite, les deux au fond, vous croyez que je ne vous vois pas? Au contraire, et au lieu de lui infliger toutes les indignités possibles (go- go esclavagisme, user de ses charmes en vain et finir en détresse), cette scène est autrement meilleure pour l'image de cette princesse. Le solo qui tue tout, la robe qui reste la même, et une tentative indiscutable de sauver la situation (la fuite avec Aladdin sur le tapis, même si elle échoue). J'en parle plus en détail ici, mais avoir révisé ce climax qui m'a toujours collé des boutons: c'est indéniablement la grande réussite de ce remake...mais tout n'est pas réussi.



J'ai listé  les fois où j'ai ri, car comparé au film original, ça m'est arrivé bien plus rarement. Et les fois où ils ont essayé d'être vraiment drôles, epic fail...On ne se tapera guère sur les cuisses, c'est sûr, même s'il y a quelques fulgurances.

Le live d'Aladdin est souvent perçu comme meilleur, parce que leurs interprètes le sont comparé au remake de La belle et la bête. Je dois admettre: c'est indéniablement plus réussi, surtout au point de vue vocal.  Un autre point fort possible aurait pu être, comme dans ce précédent remake, d'expliquer des points  problématiques niveau logique. Mais là encore, ils vont créer d'autres par ailleurs...et certains problèmes n'en étaient pas vraiment.


D'abord, la question à un million: pourquoi personne ne reconnait le "prince Ali"? Dans le remake de Cendrillon, la bonne fée songeait (ça me semblait brillant) à jeter un sort de "glamour" à Ella pour que sa belle-famille ne la reconnaisse pas. Même si Lady Tremaine, avec un peu de recherches, additionnait pour finir deux et deux (ça ne résiste pas  à l'enquête). Ici, j'ai lu que le génie jette un sort similaire. Même si Jasmine, puis  Jafar finissent par additionner deux et deux aussi. Mais je ne me rappelle absolument pas qu'il en était question dans le film-c'est propre à la VO?




Et, par exemple , quand  Aladdin demande pourquoi il n'y a que trois vœux, et le génie répond "Je ne sais pas". Sérieusement, des gens se demandaient pourquoi, depuis tout ce temps? Toutefois, la réponse en mode : "C'est comme ça et puis c'est tout", sérieusement, ça aussi? En réalité ça peut s'expliquer facilement d'un point de vue scénaristique.  Les bonus du DVD de 2006 ont révélé qu'au départ, les souhaits étaient en nombre illimité. Mais après le "Black Friday" (un jour d'avril 1991, suite auquel le script sera totalement revu)  et la réécriture par Terry Rossio and Ted Elliot, ils passeront à trois. Tant mieux, car cela nous a épargné une très sadique chanson de méchant:  "Humiliate the boy".

                        (Cringe comedy toujours, me connaissant, je n'aurais pas trouvé ça drôle)


Mais surtout, c'était parce que, tout simplement, ça élevait les enjeux. Il y a nettement plus de suspens quand un personnage doit réfléchir avec plus de soin à ce qu'il demanderait, non ? Quitte à faire "des choix douloureux" quand il n'en reste qu'un, excellent pour le tension dramatique.


Il n'y avait déjà que  trois vœux dans le film La bande à Picsou: le trésor de la lampe perdue (1990), pour les mêmes raisons. Le méchant était d'autant plus dangereux qu'il avait acquis la capacité de les prononcer en nombre illimité. La base trois est commune dans les contes- c'est aussi le nombre de souhaits que les leprechauns, ou lutins d'Irlande, peuvent vous accorder.



Ça  peut s'expliquer facilement in-universe aussi. D'abord parce que si quelqu'un pouvait demander n'importe quoi, tout le temps, à un être doté de "pouvoirs cosmiques phénoménaux", il y a fort à parier que rien n'empêcherait cette personne de devenir Dieu lui-même, et en peu de temps. Mieux vaut pour la sécurité de l'univers que cela n'arrive pas (pourquoi croyez -vous que l'entrée de la caverne, et  la lampe sont réservées aux innocents?). Et obtenir tout ce qu'on veut, n'importe quand, et sans effort, doit vite conduire à un ennui abyssal, accessoirement.

Mais la logique n'est rien, comparé à ce qui est pour moi l'un des gros, gros défaut du film: des personnages positifs ( à la base) beaucoup moins sympathiques, gentils et généreux. C'est dans la droite lignée du remake de La belle et la bête, avec Belle devenue froide et la Bête méprisante, en un mot, antipathiques.

Dans le dessin animé, Aladdin avait une façon certes peu glorieuse de subsister (faire la manche  ou les poubelles devait être trop inefficace, et accessoirement, pour les spectateurs, moins dynamique et plus ennuyeux à regarder, que semer les forces de l'ordre). Mais pas de gaîté de cœur, c'est évident. Pour ne pas héroïser le vol, les scénaristes nous ont montré qu'il ne prend que ce qui est strictement nécessaire à sa survie (donc les aliments).



Et encore: juste après Je vole, donc, on le voyait donner le fruit d'un vol à deux enfants encore moins bien lotis. Vu la corrida effrénée qu'a été la chanson, et donc, tout le mal qu'il s'est donné pour l'avoir...ça donne un sacré poids à sa générosité. Le fait qu'il s'agisse d'un pain n'est peut-être pas innocent, en ce que Jean Valjean dérobe la même chose au début des Misérables, mais dans l'unique but de nourrir sa sœur et ses neveux (le vol n'étant vraiment pas dans les habitudes de Jean jusqu'ici). C'est comme Robin des bois version Disney, qui vole, mais uniquement pour donner aux pauvres-et visiblement sans rien garder pour lui.


Le début du remake, d'entrée, nous  montre Aladdin prenant des choses avec bien plus de valeur (comme un collier, malgré qu'il soit volé à des escrocs). Il n'en tire pas grand chose, et donne effectivement ce "butin" à une famille nécessiteuse. Mais on a l'impression qu'il le fait, justement parce que c'est dérisoire- trop pour lui. Et ça lui a coûté bien moins d’efforts, diminuant beaucoup l'impact. Plus tard, questionné sur la présence d'un instrument de musique dans son refuge, il dira l'avoir emprunté...Ça explique les vêtements qui ne sont pas usés, il doit en piquer souvent...



C'est moi ou on nous l' a fait basculer du côté "Flynn Rider" de la force? Je sais bien qu'il est apparu depuis, comme un modèle de héros plausible,  mais ce n'est pas une raison.

Sérieusement, la première fois qu'Aladdin dit quelque chose dans ce remake, c'est pour remarquer le prix du collier d'une arnaqueuse (donc, celui qu'il lui pique dans la foulée). Juste avant, il empêche une complice de lui prendre un verre en précisant, "C'est à moi."

Sûrement pas!


Et puis franchement, le verre, l'instrument de musique, rien d'indispensable...Il y a quelque chose de malsain, du coup, de le voir remarquer et déduire le prix des choses que porte Jasmine -et donc deviner qu'elle vient du palais, même s'il la prend pour une servante engagée là-bas plutôt que la princesse. Aladdin a fini par me faire penser, par cette attitude, à Jay dans Descendants, lui aussi voleur compulsif de tout ce qui passe à sa portée. Problème, si vous ne saviez pas: Jay est le fils de...Jafar.


Vous voyez  où est le souci, avec ce manque de moralité?



Les voleurs sont dépeints plus ou moins positivement dans la fiction, mais quand l'un d'eux me rappelle plus l'archétype de Catwoman que de Robin des bois, je ne le trouve pas digne de confiance.



Aladdin fait un peu trop vénal ici, disons.


J'ai aussi dénoté une forme de désintérêt pour celui dont le prénom est, pourtant, le titre du film. Qu'il aie moins de focus que le génie, on pouvait s'y attendre, celui de 1992 avait aussi tendance à "bouffer" les scènes où il se trouvait. Mais ici, Jasmine a aussi gagné en importance, rapport à celle qu’elle a gagné dans le merchandising depuis, en devenant Disney princesse. Ajoutez-y le temps d'exposition qu'on a donné à des personnages qui n'en n'ont pourtant pas besoin, comme Dalia, et pour Aladdin, il n'en reste plus beaucoup, à la traîne derrière tout le monde.


Le pire est à venir, néanmoins ...Vous vous rappelez quand le sultan annonce que par le mariage avec Jasmine, Aladdin est un futur dirigeant? Dès cet instant, on voyait bien son expression "Oups, surtout pas..."


Les scènes suivantes nous le montraient à la limite de la dépression. Soit, se dit-il, c'est l'acceptation d'une position qu'il ne pense pas mériter...et il continue de mentir à la femme qu'il aime. Soit il lui dit la vérité, mais en raison de ses insécurités encore profondes (mais pas justifiées, il est vrai), il pense qu'elle va le rejeter (et quand bien même il y a la loi pas vrai?). C'est ce qui le retient de libérer le génie, en dépit de sa promesse, même si ça le désole.


Pour finir, Aladdin se décide à être honnête envers la princesse...trop tard, cependant. Ces scènes sont tout à fait essentielles pour établir un fait important: non, et contrairement à tous les autres (et au méchant, surtout) , Aladdin n'a jamais vu Jasmine comme le "ticket" vers une vie plus facile. C'est elle, en tant que personne, qui l'intéresse -il l'aimerait tout autant avec un autre statut. Le pouvoir ne l'attire pas du tout, et même l'effraye sacrément.  En fait, la princesse est une personne qu'il place si haut, qu'il a toujours du mal à comprendre pourquoi elle aimerait le vrai lui. Rappelons- mais ça se voit ici, du coup- qu'on est censé avoir affaire au seul homme assez pur pour entrer dans la caverne aux merveilles.

Au même moment dans le film live, non seulement tous ces scrupules sont absents, mais en plus, Aladdin envisage très sérieusement le pouvoir. Oh bravo, cette fois le héros paraît vulgairement intéressé!


...Ah, et il s'attendait à ce que le génie soit tout à fait d'accord avec  ça, et accepte que sa libération soit annulée. Heu, où est-il, là, "le diamant d' innocence"? Mena Massoud est peut-être le plus crédible dans les versions Disney "live" de ce personnage, mais plusieurs choses me dérangent.


Déjà il y a l' habitude du comédien de faire l'imbécile sur les photos, ce qui casse le mythe, mais pas seulement.  Le personnage est trop malhonnête au début, trop balourd au milieu, trop intéressé ensuite et pour finir trop indifférent.

Rassurez-vous, Aladdin n'est pas le seul avoir gagné un niveau en antipathie, pas de raison. Le génie aussi, qui n’hésite pas à établir froidement qu'il n'a pas d'ami (en dépit de sa chanson). Comme il explique ici qu'il a dû servir d'innombrables tarés assoiffés de pouvoir, ça l'a rendu blasé de l'humanité, cynique, et il évite l’attachement émotionnel. Ce n'est qu'au milieu de la chanson Je suis ton meilleur ami qu'il songe à demander son nom à Aladdin, parce que que jusqu'ici, bof, qu'importe, comme il dit. Bien que toujours drôle, son humour passe beaucoup par les sarcasmes cette fois. Bien sûr, après le sauvetage qui conduit au deuxième vœu, on voit une forme de rapprochement, mais le refus de libération vient juste après...malaise.

Les scènes coupées, par la suite, ont établi un fait que j'avais déjà commencé à remarquer: ce génie- là est beaucoup plus sans gêne et on pourrait presque se demander, si on ajoute le fait qu'ici Aladdin est bien plus timoré, lequel est le maître. Dans le dessin animé, le génie était très préoccupé du succès du premier souhait, en raison de sa bonne nature, mais peut-être aussi parce que ce maître- là devait déjà lui être plus sympathique que les autres. Souvenez-vous de comment le génie tente de jouer les Cyrano en soufflant du texte, sur le balcon de Jasmine.


Ici, au même moment, Aladdin doit se débrouiller seul pendant que le génie veut profiter de la fête qui a cours et draguer les servantes, de son propre aveu...


Le style comique de Will Smith  passe, c'est vrai...mais fait tache dans un film de fantaisie épique. En outre il est si connu que finalement, il joue lui même (un gentil papa) dans tous ses films, dusse le personnage représenté en pâtir. Ça explique que sa version de Deadshot n'a fait peur à personne. Smith est aussi le premier à reprendre, dans un remake live, un rôle déjà tenu par un acteur très connu (début de la starisation du doublage, les enfants!) dans l'original. Une performance difficilement oubliable. Will Smith en avait conscience, il avait twitté que même si les génies n'ont pas de pieds,  il avait de "grandes chaussures" (un habit trop grand pour lui, en anglais) à remplir. Et hélas elles sont restées trop grandes pour lui, ne serait-ce que parce qu'il est moins attachant. Les gags référencés du génie (et l'image de la femme arabe) ont mal vieilli dans le dessin animé, mais le reste est toujours aussi intemporel. Le remake ne fera pas aussi long feu, lui, et pas seulement parce que les effets spéciaux vont se démoder. Le style Smith, également...


Le remake, je l'ai dit, présuppose une connaissance parfaite du dessin animé. D'où son début précipité-mais pas que. En fait, ici, tous les personnages semblent avoir aussi cette connaissance du scénario d'origine, et supposent qu'on l'a aussi. Le génie, par exemple, s'attendait à être découvert par un homme autrement plus au courant, et maléfique.


Autrement dit, qu'il y a un commanditaire- et c'est le cas. Le génie identifie même immédiatement Jafar comme tel quand il le croise. Ou bien, inutile de préciser ce qu'Aladdin veut plus que tout au monde, le génie sait déjà que c'est une fille, à croire qu'il a assisté au début du film.

Le problème, c'est quand ces connaissances sont supposées du spectateur aussi.  Si on n'a jamais vu le dessin animé, je l'ai dit, les premières scènes vont laisser perplexe. Par exemple dans Nuits d' Arabie, un voleur se fait engloutir par la caverne qui révèle qu'un seul humain peut entrer, la caméra montre Jafar, et hop, on s'en va.


Vous vous rappelez de cette scène comme plus longue dans le dessin animé, plus de dialogues, tout ça?


...Je crois que le remake attend ça de vous, en effet- ou vous serez perdu(e). Seul le dialogue entre Jafar et le complice qui finit dans un puits, plus tard, établit ce qu'il fichait là, qui il est, et ce qu'il y a dans la caverne.

Mais là où cette absence d'explication est insupportable, c'est quand elle s'associe à l'absence d'émotions, le défaut le plus énorme pour moi. Cendrillon (2015) ne m'avait pas marquée sur ce point, mais parce qu'il s'agit d'un remake de film d'il y  a soixante ans. Dans le film, Ella et Kit, le prince, ont trois scènes ensemble et quelques dialogues.



Apparemment ce n'est pas beaucoup...sauf qu'ils n' avaient qu'une chanson, dans le dessin animé. Forcément là, j'y croyais beaucoup plus en tant que couple- comme dans la suite en vidéo Cendrillon 3 qui leur avait aussi accordé plus de scènes.


Par contre, quand c'est un remake de film d'il y a vingt ans, où les princes et princesses étaient bien moins timorés les uns envers les autres: alerte! Je l'avais déjà remarqué dans la Belle et la Bête (2017) . Scientifiquement, le film avait évacué toute émotion, en particulier entre le couple principal.

Un exemple: rappelez-vous de la scène de bal.


Dans le film animé, Belle finit par poser la tête sur la poitrine de la Bête toute en dansant. 


Juste après, la Bête lui prend les mains et demande à Belle si elle est heureuse avec lui. Elle répond un "Oui!" sincère en le regardant, et c'est là qu'on comprend. Les personnages s'aiment, bien qu'ils ne l'aient pas encore réalisé. Donc, la fin de la malédiction est pour bientôt.


Dans le remake, et durant la valse, Belle garde ses distances et ne touche la Bête que de la façon qui lui est nécessaire pour danser (J'espère que c'est un problème technique! Mais quand bien même ça n'explique pas le dialogue qui va suivre).


A la scène d'après sur le balcon, ils restent distants, et regardent l'horizon plutôt que l'un l'autre. La Bête demande quand même si Belle est heureuse. A quoi Emma Watson!Belle répond sèchement: "On ne peut pas être heureux quand on est privé de liberté!" Pan, dans les crocs! Ah. Je crois que non, cette fois. Ajoutez-y le reproche, et un silence gêné s'ensuit....Je n'avale pas la romance dans cette version.



L'absence, dans le live,  de la main dans les cheveux ou ou posée sur le visage, dans la scène suivante, n'aide pas.


Le film avait été fait par Bill Condon, un réalisateur de Twilight, donc oui, peut-être qu'il ne savait pas rendre une romance vraisemblable. Peut-être que, parce qu'on sait malgré tout que la malédiction de la Bête sera quand même levée dans quelques heures, bof, pas d’efforts ont été faits pour construire une alchimie. Parce que enfin, vous devriez déjà savoir tout ça.



Quelle erreur: vous imaginez si dans le dessin animé, aucun effort n’avait été fait dans ce sens, parce que l'amour de la belle qui sauve la bête, et bien vous devriez déjà savoir ça puisque vous connaissez le conte dont c'est adapté? Or dans le cas d'un remake, et même d'une oeuvre archi connue, on a besoin qu'on re-établisse les relations entre les personnages, pour en avoir quelque chose à faire de ce qui leur arrive.


La version Disney d'Aladdin, en dessin animé, mine de rien, était une histoire de "boy met girl" comme disait Hitchcock. En tout cas, ça l'est devenu quand on est passé de l'idée de l'enfant voulant impressionner sa mère, au jeune homme désirant séduire une princesse, une fois le héros vieilli et la mère disparue.  L'émotion était donc importante.

Rappelons que dans les deux classiques précédents, La petite sirène et La Belle et la Bête (1991), les couples devaient à chaque fois garder leurs distances jusqu'à l'épilogue en raison de malédictions pesant sur eux. Ce n'était pas une règle dans Aladdin, donc du coup...Je l'ai dit, mais la gestuelle ou les regards construisaient une alchimie assez forte tout au long des scènes entre Jasmine et Aladdin.














Même s'ils ne sont pas en présence, mais parlent l'un de l'autre, ça se sentait; le fait, comme je l'ai souligné, que Jasmine le croie mort pendant près de 24 h jouait beaucoup.



Déprimer autant pour un homme dont elle ne connaît même pas le prénom devait être révélateur, pour elle.



Quelque chose passe, aussi, quand Aladdin parle d'elle à Abu ou au génie. Ça devient évident y compris  pour les très jeunes spectateurs, même si le génie n'avait pas dit, en français dans le texte (toujours le gag du french lover): "C'est l'amour".


Un vrai tour de force, que  d'avoir réussi à en faire une histoire prenante quand on sait que dans le conte d'origine, la relation d'Aladdin à la princesse était quasi inexistante (à l'inverse de La Belle et la Bête par exemple) tant cette dernière était réduite à un personnage- fonction permettant une fin heureuse.

Dans le live? Rien de ce tour de force,  les enfants! Et c'est là que comme on dit: "Quand ce n'est pas cassé, ne le répare pas: tu vas le casser!" La scène où les deux rôles principaux  se voient pour la première fois est coupée comme je l'ai dit. Ils gardent leurs distances dans la scène du refuge, parlant de liberté, mais aussi de leurs parents (?). J'ai aussi dit que Jasmine partait avec un à priori négatif. La scène supplémentaire n'ajoute rien du tout, et Jasmine se fait une fois de plus une mauvaise opinion quand il ne se montre pas au rendez-vous suivant.

Dans ce Rêve bleu, et juste après, pareil, avec distance de sécurité et les mains dans les poches. Pire, jusqu'à la toute fin, non seulement cet écart est respecté, mais toutes les scènes où ils interagissaient sont tombées dans ce que j'appelle: "le phénomène de l'interprète". Entendez qu'il y a tout le temps un tiers présent, et Aladdin et Jasmine s'adressent à lui plutôt l'un à l'autre. Le plus souvent, c'est le sultan, de quoi voir un des gags avec amertume.



Dans la scène de célébration propre au remake, Aladdin n'ose pas s'approcher de Jasmine (c'est tout le problème, si vous me suivez bien) et constate qu'elle ne semble pas vouloir faire le premier pas. Par contre, il remarque que le sultan paraît apprécier "le prince Ali".  Le génie répond, sarcastique donc: "Avec un peu de chance, il voudra t'épouser." A ce stade, c'est supposé être une blague. Mais en fait, il y  aura effectivement plus d'interactions avec le souverain!
   
Rappelez-vous la scène qui suit celle où Jafar est exposé comme un traître, dans le dessin animé. C'est en voyant sa fille dans les bras de son dernier  prétendant que le sultan réalise qu’elle l'a choisi, simple, efficace.



Pendant la scène du live qui correspond, Jasmine est assise près de son père (ça devient du complexe d'Electre, là!)  et la suivante et le tigre sont encore assis à côté histoire d'ajouter de la distance.  C'est en fait le souverain qui s'adresse à Aladdin, lui demandant d'être son gendre. C'est le cas bien sûr, mais : Jasmine aurait aussi bien pu ne pas être d'accord.

Ils en ont sans doute discuté hors champ...mais pour que l'émotion passe, il faut que ce soit en champ.

La révélation de l'identité réelle d'Aladdin était déchirante dans le dessin animé, entre son air dévasté, Jasmine qui semble encore refuser de croire ce qu'elle voit, Jafar qui s'interpose violemment...


...Et là...rien (ça dure trois secondes). Sauf une chose: Jasmine qui hurle: "Non!" quand elle voit Aladdin être téléporté dans le grand nord. Hélas et contrairement à la novelization, ils ne se parleront pas du tout pendant la scène de course -poursuite.


Quand Aladdin s'adresse quand même à elle (rarement) pendant le climax et après, dans la VF,  il la VOUVOIE subitement.


...Quel est l'imbécile, à Disney France, qui s'est dit que ce serait une bonne idée? La distance n'en paraît que plus grande!

A ce moment-là dans le film original, beaucoup de gens avaient apprécié que le trope du "menteur exposé" n'était pas suivi aussitôt par des personnages se faisant la tête pendant trois quarts d’heure. Dans la première ébauche du dessin animé (et dans d'autres adaptations du conte, parfois), Jasmine avait un moment de doute, se demandant s'il n' y avait eu mensonge que sur l'identité, s'il n'y en avait pas aussi à propos de l'intérêt qui lui est porté...Mais dans la version finale: non. On comprend pourquoi: même avec un macguffin permettant d'avoir directement le pouvoir -si c'était ça qui l'avait tenté- Aladdin n' avait pourtant rien souhaité d'autre que le moyen de pouvoir demander sa main- prouvant que c'est bien elle-même qui l'intéresse. C'est évident que Jasmine arrivait à cette conclusion.

Dans le remake aussi...enfin je crois. La scène post-climax est effroyablement laconique. Quel gâchis, car dans le dessin animé, elle était très touchante. Souvenez-vous, Aladdin et Jasmine qui s'expliquent enfin, puis réalisent que les adieux sont arrivés, se déclarent (verbalement) pour la première fois, avec la reprise en fond sonore de Ce rêve bleu en version violons tristes...N'en jetez plus, c'est si poignant que le génie se met à pleurer.


Il en vient à proposer de sacrifier sa liberté pour que ce couple n'aie pas à se séparer- et mine de rien son attitude est émouvante aussi.


Après tout on trouve pas d'autres filles comme Jasmine en un million de lustres...mais Aladdin jouera la loyauté (poignant toujours) en rendant quand même sa liberté à son ami -et prouvant une fois de plus par là que le pouvoir ne le tente pas. Tellement pas, que c'est sûrement pour ça qu'il ne propose pas à une autre personne présente de faire "le vœu du prince" à sa place. J'ai un temps pensé que ça pouvait sembler être une façon de résoudre le problème, mais ça aurait semblé moins désintéressé.

Toute cette grandeur d'âme pousse le sultan à changer la loi, et ouf, Jasmine peut dire à Aladdin qu'elle l'a choisi, lui, mettant fin à ses insécurités- une fin de scène en apothéose. Et une scène si émouvante que si vous n'avez jamais pleuré devant, vous avez un cœur de pierre.



Dans le live...rien (ça devient redondant). Aladdin ne prononce qu'une phrase, "Je suis désolé", et s'adresse autant à Jasmine qu'au sultan. C'est d'ailleurs ce dernier qui lui répond (Jasmine ne dira jamais un mot). 


Puis la discussion quant à savoir à quoi utiliser le troisième vœu a lieu, mais juste avec le génie. Bien qu'il propose de se sacrifier encore une fois, il ne paraît pas du tout  triste. Une fois qu'il est libéré, sa propre happy end avec Dalia diminue grandement l'impact de la scène. A chaque fois je n'en reviens pas d'être censée m’intéresser davantage à l'histoire entre un personnage secondaire et une figurante inventée pour cette version.




Je trouvais déjà ironique que dans La Belle et la Bête (2017), un plus grand soin avait été apporté à l'alchimie entre Lumière et Plumette (ou même entre Mme de Garderobe et Maître Cadenza), qu'entre le couple en titre.



Mais je pouvais à la rigueur le pardonner, car c'était déjà un élément (ou personnage) présents dans le dessin animé. Ici, s'agissant d'un couple secondaire inventé pour le remake, je n'y ai pris aucun intérêt.

Comme je l'ai dit, Aladdin part directement ensuite, sans se retourner, et sans un au revoir.  Il lâchera juste une phrase bateau comme quoi il espère que Jasmine obtiendra ce qu'elle veut...et elle ne trouve alors rien d'autre à répondre qu'un petit sourire niais. Elle n'a même pas l'air triste du coup. J'ai beaucoup plus pensé à une séparation entre vagues connaissances, qu'à une entre amoureux.

Quand Jasmine le rejoint quand même, leur échange est si court, que, grosse faute, elle ne dit même pas qu'elle l'a choisi lui...et qu'on n' entend  pas en quoi la situation s'est rétablie.

Alors qu'on a fait du merchandising de sa réplique phare dans l'original...




 Impact émotionnel: zéro. En gros on a renoncé à construire une alchimie, se basant sur nos souvenirs du dessin animé. Là, c'est vraiment trop jouer sur ce qu'on est déjà censés savoir.



A moins que Guy Ritchie (et Bill Condon) n'aient cru que parce que les acteurs sont de chair et de sang, cela les rend automatiquement touchants? Spoiler alert: non, j'ai été infiniment plus touchée par des personnages d’encre et de papier. Ajoutez-y qu'on a coupé systématiquement les éventuelles scènes nouvelles comme Desert Moon (dont tous les commentateurs Youtube  s'étonnent déjà qu'elle n'aie pas été gardée) et on ne prenait jamais le temps de faire focus sur le couple censé être principal.





Ironiquement, le couple me paraissait émotionnellement distant dans OUAT aussi (mais au moins, ça se justifiait: leur histoire n'en était qu'une dans un grand récit de fond). Quand Jasmine disait qu'il ne s'était rien passé entre Aladdin et elle à l'époque d'avant la Malédiction, elle stupéfie Emma: "Pourtant, dans le film..." répond- elle (apparemment, elle a vu celui de 1992). 


Si coincés, donc, que c'est le Capitaine Crochet (toujours ce problème de l'interprète) qui doit finir par s'exclamer: "Pour des amoureux, vous ne communiquez pas beaucoup!" 

Mais par comparaison, plus d'émotions filtrent, comparé au remake. Ils ont joué la carte du "almost kiss"  ("baiser interrompu");  presque un running gag dans le dessin animé. 




Étonnamment, c'est présent dans OUAT, au point que Deniz Akdeniz!Aladdin finit par commenter que c'est frustrant.




Ça compte aussi, la façon dont ils mis fin à la malédiction sur Agrabah- la  manière classique dont ça se fait  dans Once upon a time.
Donc si paradoxal que ça paraisse, ça arrivait à être plus émouvant dans OUAT. 

De quoi redouter le futur remake de La Petite sirène. 


Si Ariel y est émotionnellement détachée d'Eric, comment rendre crédible sa motivation à signer un pacte faustien avec Ursula? Surtout si on dilue tout ça avec la romance de Sir Grimbsy et Carlotta, la servante d'Eric. Ils ne sont pas un couple mais au train où vont les choses, ils pourraient le devenir.


C'est terrible, de songer qu'au départ je ne savais vraiment pas quoi penser du remake d'Aladdin quand on l'a annoncé...Jusqu'à ce que les bandes-annonces arrivent. Elles m'ont "hypée" comme c'était pas permis, car j'ai eu l'espoir de voir bien retranscrites les scènes cultes du premier film.

Tout comme je suis ressortie de la séance de La Belle et la Bête, pleine de miel et de nostalgie d'avoir reconnu toutes ces scènes, et dérangée seulement  par la performance d'Emma Watson. Je n'étais pas au point de trouver qu'elle était née pour jouer Belle, comme ont dit ceux qui ont adoré, mais j'étais transportée par le reste. Quelques mois après, nouveau visionnage, et oups: j'ai aussi vu la robe jaune ratée, les scènes inutiles, la Bête sarcastique, les nouvelles failles logique...

C'est comme dans le dessin a...Non. Je n'ai pas l'impression.


J'ai été moins incisive que tous ceux qui trouvaient le film inutile- "le même en moins bien." Après tout, la scène de la "mort" des serviteurs- objets avait réussi à m'émouvoir- à défaut d'autre chose. 

Mais là...je les comprends. J'ai exactement la même impression devant le live d'Aladdin. Là, pas de scène qui donne envie de sortir les mouchoirs.

Autant revoir le dessin animé, si c'est pour voir la même chose, mais avec des personnages plus amoraux, vide d’émotions et en moins intense. Alors oui j'aurais volontiers échangé les climax et bien vu Jasmine animée chanter Parler, mais c'est un peu juste (j'espère en voir très bientôt des AMV!).

Je suis presque gênée quand j'entends tant de gens qui disent qu'ils adorent le remake d'Aladdin (voire le trouvent meilleur que le dessin animé). 



J'aurais aimé pouvoir en dire  autant. Je les envie  de voir des choses que je n'ai pas perçues (comme j’envie ceux qui ont adoré Emma Watson!Belle).





 Mais rien n' y fait, j'ai cette impression de fade, d'inachevé, de trop peu...Comme devant le remake live du Dernier maître de l'air (voire Dragon ball evolution)? Au secours!


Ahurissant paradoxe, mais c 'est au point que cette année, j'ai trouvé Nicky Larson et le parfum de Cupidon une adaptation live plus ressemblante avec l'original (et on parle d'un film où des français jouent le rôle de japonais). 

Jusqu'ici, j'avais entendu parler des fans de super-héros déçus des films des  "cinematic universes" parce qu'ils n’adaptent pas les comics à la case près. Ou des fans de Star Wars révulsés par la prélogie parce qu'ils n'imaginaient pas Dark Vador jeune comme ça, ou n'imaginaient pas Jar-Jar Binks tout court. 

Ces gens passent souvent pour d’incorrigibles rouspéteurs, mais jamais je ne dirais ça d'eux. Les remakes, à l'exception de Cendrillon, me font définitivement me sentir solidaire.

A chaque visionnage, je dois ressembler aux personnages d'Avatar le dernier maître de l'air découvrant la pièce sur eux-mêmes dans l'épisode Les acteurs de l'île de Braise.

Je crois qu'après avoir revu ce remake, son défaut principal m'a sauté aux yeux: la précipitation. Comme il compte autant de nouvelles scènes qu'il n'en a pas adapté par rapport au dessin animé d’origine, la longueur est équivalente (supérieure, même), tous les moments clés sont là, et pourtant...j'ai eu l'impression d'un vrai roller -coaster qui ne prend pas son temps, surtout au début. Quand on en arrive à la scène de la découverte de la caverne, j'ai presque regardé ma montre en pensant: "Déjà?!".



Peut-être qu'ils étaient pressés d'inclure Will Smith, mais cela explique en grande partie que je ne sois pas attachée aux personnages cette fois: dans le fond, on ne les connait pas. On n'a pas eu le temps pour ça. Seuls, ironiquement, les numéros musicaux paraissent au contraire trop lents mais c'est à imputer à l'absence d'animation dérangée. Si beaucoup ont dit ça de la Belle et le Bête et du Roi Lion en live (alors que moi, je leur ai trouvé quelques circonstances atténuantes) c'est Aladdin qui m'aura donné cette impression de remake inutile, devant lequel on s'ennuie profondément.

 En fait, il  m'a  fait plus l'effet qu'une nouvelle adaptation du conte (moins stupide que le film français de 2015 certes mais c'est le seul avantage) où on aurait eu le droit d'utiliser les mêmes noms et la même bande-son que le dessin animé; plutôt qu'une adaptation dudit  animé. La faute à l'absence de ressemblance à la fois physique, vestimentaire, et de caractère, pour les personnages, envers les originaux.

Les points forts d'Aladdin live:

-Les décors, costumes et musiques sont magnifiques.
-Parler est une très belle chanson.
-Le climax est meilleur, dans sa plus grande partie.
-Will Smith est une rendition crédible du génie.
-Le CGI est bien fait.
-Bien vu, Jasmine qui n'est pas en détresse, et devient sultane.

Les points faibles:

-Si on  ne connait pas ou mal le dessin animé, on sera complètement perdu.
-Tout va trop vite.
-Les personnages sont plus antipathiques, froids et sarcastiques, on ne s'y attache pas.
-C'est vide d'émotions, donc difficile d'être inquiets pour eux.
-J'aurais bien revu Serpent!Jafar.
-Certains problèmes de logique sont résolus, mais d'autres créés.
-Dalia ne sert à rien.
-Je me moque bien de ses enfants, j'aurais préféré voir ceux d'Aladdin et Jasmine.
-Ce rêve bleu n'est pas émouvant du tout.
-C'est moins drôle...
-Et quand ça essaie d'être drôle, ça ne l'est pas du tout.
-Jafar remonté contre un royaume voisin plutôt que contre les autres personnages, en paraît moins menaçant.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire