samedi 31 août 2019

Aladdin le live: critique (01)

Critique partie 01
Critique partie 02
Critique partie 03
Critique partie 04
Critique partie 05

Nouveau remake live, et une version "shot for shot", comme on dit. Les remakes live  de Disney, je l'ai dit, se sont cherchés quelques temps. Ils ont pu être des versions modernisées (Les 101), des suites (Alice au pays des Merveilles, Jean -Christophe), des versions rallongées (Dumbo), des...versions révisionnistes (Maléfique).

Mais depuis, on en est arrivés aux versions modernisées dans le propos certes (en particulier pour ce qui concerne la condition féminine), mais proches du scénario d'origine. Tout en racontant bien l'histoire qu'on connait, Cendrillon (2015) faisait passer le focus des souris et chat à Cendrillon et le prince, ce qui faisait une sacrée différence.

 Mais depuis le Livre de la jungle c'est clair, c'est bien la même histoire, parce que pourquoi pas. Au point, quand le film d'origine est relativement jeune encore comme La Belle et la bête, de paraître superflu. La polémique va continuer ici pour sûr, car au départ on avait envisagé un thème "parallèle" pour une version live d' Aladdin. En l’occurrence un prequel centré sur le génie, mais qui semble abandonné aujourd'hui. Et on a fini par en arriver à la formule plus sûre du "shot for shot" remake.

Personnellement j'avais été consternée par la totale relecture de Maléfique, mais enchantée par Cendrillon (se pencher un peu plus sur l'héroïne éponyme ça ne pouvait pas faire de mal). Et consternée en grande partie par La belle et la bête, bien des choses étaient sympa, mais pas Emma Watson. Et l'héroïne en titre c'était quand même important. Autant dire que là, c'était le suspens total quant à savoir si ça me plairait ou non. Et globalement ...non.





On avait prophétisé une atrocité devant les visuels  (casting, costumes et décors ), mais au final c'est plutôt le scénario qui pèche.  

C'est devenu  commun de  dénoncer un carnage avant même la sortie d'un remake, mais ensuite beaucoup révisent leur jugement après visionnage, disant avoir adoré. Pour moi j'attends de voir,  et pour l'avis final cela dépend.  Si j'avais beaucoup aimé le Cendrillon de 2015, je  commence à croire qu'il est l'exception qui confirme la règle.  La plupart des live action sont soit trop différents de l'original  (Maléfique,  Dumbo, Peter et Elliott le dragon) pour lui être comparé,  soit proches (La Belle et la Bête, Aladdin ) mais devant changer certaines scènes pour ne pas être identique à 100% ...et fatalement celles qui sont déjà parfaites sont refaites en moins bien.

Et là...sur certains points il y  a du mieux, mais sur d'autres...Encore une fois rien ne vaut l'original , globalement (C'est mieux que la version Kev Adams en revanche, mais c'était la moindre des choses) . Souvent avec le temps qui passe et d'autres visionnages, mon avis varie (comme ça avait été le cas avec le remake de La Belle et la Bête).


J'ai revu cette version d'Aladdin depuis...et comme c'était à craindre mon avis en est devenu plus négatif. Je trouve en particulier que tout va trop vite, et si l'aspect visuel n'est pas le principal problème, c'est  effectivement le remake Disney actuel qui s'apparente  le plus à un carnage. Mais j'attends de le voir en VOST, et aussi les scènes coupées, pour délivrer mon jugement final. Racontons les choses dans l'ordre  (et précisons que j'avais aussi pris le temps de lire la novelization).




Alors voilà: Il y a une narration, d'un marin qui raconte l'histoire à ses enfants au lieu d'un marchand qui brise le quatrième mur. Il s'agit effectivement du génie, ce qui avait été envisagé de montrer dans le film d'animation. Pendant la chanson Nuits d'Arabie (et oui c'est encore lui qui la chante) la caméra nous montre cette fois les personnages  les uns après les autres (Aladdin et Abu, puis Jasmine et Rajah, et enfin Jafar, devant la caverne aux merveilles, qui envoie visiblement un complice se faire engloutir façon Gazeem).



Bizarrement Jafar est brièvement vu reprenant la chanson mais c'est peut-être parce qu'il n' en a pas  à lui (oui, pas de reprise de Prince Ali. Contrairement à La Belle et la Bête, toutes les chansons y sont sauf celle-là). En outre (le détail avait excédé pas mal de français) les paroles sont respectées assez scrupuleusement comparé à La Belle et la Bête  .

Et ça commence direct par une scène supplémentaire, celle d'Aladdin volant des escrocs mais ne tirant pas grand chose de ce qu'il a obtenu (cherchant à le revendre, mais les prêteurs sur gage connaissent visiblement sa réputation). Même si ça ne l'empêche pas de redistribuer le fruit de ses efforts aux enfants aussi.

Jusqu'ici pourquoi pas...mais là où j'ai commencé à tiquer, c'est la scène suivante qui en mélange deux du film originel. Ben quoi, on était pressé à ce point d'en arriver aux scènes avec Will Smith? In media res, on tombe sur Jasmine déguisée et en visite sur le marché, qui offre du pain à deux enfants.



Il y a une altercation avec le boulanger mais il ne veut pas lui couper la main (la scène avait fait scandale en 1992 auprès des musulmans). Aladdin ne la fait pas passer pour sa sœur n'ayant plus toute sa tête, mais propose au boulanger un bracelet qu’elle porte en paiement (il paraît qu'on avait souligné que ce genre d'échange n'aie pas traversé l'esprit de Jasmine dans le film de 1992 était illogique, mais pour sa défense le marchand cherche aussitôt à lui couper la main, avant qu’elle aie le temps matériel de proposer un bijou en échange d'une pomme) . Et le reprend sitôt que le marchand a le dos tourné, ce qui les oblige à fuir. C'est là que j'ai réalisé que, si on ne connaît pas le film original, on ne doit pas comprendre grand chose à celui-ci, qui présuppose souvent qu'on a ce savoir.



Dans la novelization, il y  avait une scène (peut-être coupée au montage) avec Jasmine avant celle-ci, avec la suivante (Dalia) qu’elle a dans cette incarnation . On les y voyait discuter de fugues régulières de la princesse, qui parce qu'elle est très préoccupée du bien- être de son peuple,  tient à voir le marché de près.


Mais que ce soit ça ou la scène avec son père dans le dessin animé, on a besoin de connaître deux -trois bricoles à propos de Jasmine, la loi, son désir d'émancipation, son enfermement, sa lassitude des prétendants, le souhait du mariage d'amour...et là, rien. Que le Bon Dieu patafiole le premier qui dira que même la bouse de 2015 avait pris la peine de nous présenter la princesse, avant qu'elle ne décide de s’aventurer à l'extérieur...mais il aura hélas raison.



Je me suis demandé si c'était lié à une forme de suspens: Guy Ritchie avait -il cherché à nous introduire la personnage comme une servante (ce pour qui elle se fait passer dans la première scène), pour tous ceux qui justement ne connaissent pas le film d'origine? Histoire qu'ils aient la surprise quand elle se révèle comme la princesse dans la scène d'après, la présentant à un prétendant?



Possible...mais qui ne connait pas le film d'origine, même de réputation? En fait et de manière générale, j'ai la sensation que les remakes s'adressent à ceux qui connaissent le dessin animé par cœur. Car au final, on ignore ce que Jasmine fait dehors (fugue ou escapade?).

La fuite qui s'ensuit est le moment où on a la chanson Je vole, bien moins caricaturale visuellement bien sûr. Je leur sais gré en ce qu'à un moment, Aladdin atterrit non dans une maison close, mais dans une classe pour filles (c'est un de ces nombreux moments paradoxaux: moins tendancieux que le dessin animé alors qu'en théorie, un live-action destiné à ceux qui ont grandi depuis les années 1990, on pourrait croire ça plus mature).



Jasmine qui est incluse dans la scène, pourquoi pas aussi...Jusqu'à ce qu'on arrive au moment où elle est censée sauter en utilisant une perche. Ici, elle a peur de le faire, alors que dans le dessin animé, c'était l'un de ses moments de bravoure puisqu'elle le fait spontanément en faisant remarquer qu'elle apprend vite. Pas terrible pour une héroïne à qui on a voulu donner davantage de cran.



Et puis il y  a temps pour tout. Un temps pour le héros pour chanter son solo de présentation et un autre pour un couple de faire connaissance.



 En même temps, il y a forcément un qui en pâtit et  c'est le second type de scène hélas. Ça m'a frappée quand j'ai réalisé l'absence d'une scène présente dans le dessin animé, la novelization, et même le trailer (qui question expression, m'avait alors rassurée sur les talents d'acteur de Mena Massoud).


Close enough.



Ça peut sembler idiot de se plaindre la moindre scène qui était dans la bande-annonce et pas dans le film, mais elle n'était pas dispensable, croyez- moi.

                                         (Elle était par exemple dans le spot télé "Within")

Edit: On la voit dans les scènes coupées du DVD, et c'est trop chou entre les pétales qui tombent à l'arrière-plan et Aladdin qui ne regarde plus trop où il met les pieds après...un épouvantable gâchis.



Ça ne prend que quelques secondes pourtant: le moment où Aladdin voit Jasmine pour la première fois. Ici il ne semble pas se poser, entraînant une femme qu'il n'a jamais pris le temps de regarder. Alors pourquoi l'aide-t-il pour commencer ?



Celui qui laissera échapper un "Wow!" en voyant Jasmine pour la première fois, ce sera le prince Anders (qui équivaut au prince Achmed) avec le ralenti, les violons et tout. Et lui, comment dire...on n'a pas grand chose à faire de son opinion.


Garder sa réaction mais couper celle d'Aladdin? C'est n'avoir aucun sens des priorités, ou être très pressé, une impression générale devant le film. Mais surtout dans toutes les scènes de départ, beaucoup trop rapides à mon goût.

Dans le refuge, l'échange des prénoms a lieu et Jasmine se fait passer pour sa propre suivante (Dalia). Ils ne sont pas interrompus (très vite...) par les gardes mais par l'annonce de l'arrivée du prince Anders du Skanland qui comme le nom l'indique  est  plutôt originaire d'un pays du nord.




 Ça se justifie car à ce stade on a fait les fonds de tiroir et ça m'étonnait que le prince Achmed aie l'air d'être du coin (on aurait pu penser que les princes voisins étaient les premiers à se montrer, et à se faire congédier). Quoique: on ne sait pas si Jasmine a repoussé beaucoup de monde ici, et si ça se trouve, Anders est le premier à se présenter. Edit: Ou pas, le dialogue, donne l'impression qu'il n'est pas le premier, mais on imagine mal Naomi Scott!Jasmine, qui n'ose pas parler trop fort, ficher dehors des dizaines d'hommes.



Quoi qu'il en soit, Jasmine (qui ne fugue plus donc) doit se trouver au palais quand il arrivera, et part. Mais Abu lui a fauché son bracelet et Aladdin lui court après pour lui rendre. Donc ils se quittent en mauvais termes car suite à la disparition du bijou, Jasmine pense que c'est Aladdin qui le lui a pris pour de vrai...



On est loin de la scène équivalente et charmante du dessin animé qui avait construit pas mal d'alchimie...et se terminait en apothéose avec l'arrivée des gardes et la tension qui s'ensuit.




Aladdin empêche  deux enfants d'être écrasés par une caravane, et la prise de bec n'a pas lieu avec le prince (plus bête que méchant) mais avec un garde.

  Et l'entrevue avec le prince Anders tourne court, sachant que dans la novelization, c'est parce qu' il offre un canon (le royaume est pacifique) et détruit son propre bateau en voulant l'utiliser.  Ça devait être spectaculaire, mais  ça a fini en scène coupée. Finalement, Anders remarque Rajah, et fondu enchaîné sur des cris et grognements. Là, j'ai pouffé, car ça rappelle le moment du dessin animé où Achmed laisse son fond de pantalon à Rajah. Ici, on dirait qu'il l'a carrément mangé ( ce n'est pas le cas, comme le voit plus tard).


Jasmine a une conscience politique et une érudition plus prononcées (ce qu'on pouvait déjà voir dans la série télé et Once upon a time). Ce qu'elle voudrait c'est non seulement échapper au mariage arrangé, mais aussi monter sur le trône en tant que dirigeant plus tard.



Jafar est ici un va-t-en guerre car il veut changer le royaume en puissant empire. Quand le sultan est réticent à attaquer ses voisins, il se fait hypnotiser. Jasmine arrive et l’interrompt ; quand elle dit ne pas voir pourquoi un prince étranger saurait mieux gouverner qu'elle, personne n'écoute. Juste après, elle a quelques mesures de sa chanson, Parler, un solo sur lequel je reviendrais.



 Aladdin qui est entré secrètement dans le palais  s'introduit jusque chez Jasmine (nouvelle scène donc). Dalia se fait passer pour la princesse, Aladdin rend le bracelet et donne rendez-vous à Jasmine dans les jardins la nuit suivante.



 Je me demande si on s'est dit qu'une nouvelle scène entre eux était nécessaire, pour rendre la relation crédible...mais hélas, encore une fois ils n'y aura guère d'alchimie puisqu'ils ne sont pas seuls. D'ailleurs, Dalia qui profite de son nouveau rôle pour se moquer de sa maîtresse; hum, moyen sympa. (En plus ça me rappelle un navet comme Iznogoud, où, dans la même région du monde, une princesse et sa suivante avaient aussi échangé d'identité...). Le rendez-vous fixé est dans le but de rendre une épingle qu'il a piquée, cette fois...ce qui oblige plus ou moins Jasmine à venir. Bon elle ira de son plein gré, mais ça force un peu le consentement. Et surtout: les remakes sont censés rendre l'histoire plus logique, mais là, une question me titille le cervelet arrière droit: comment Aladdin a-t-il trouvé sa chambre, il a vérifié toutes les pièces auparavant? Voire demandé son chemin?

Forcément, Jafar entend parler d'un voleur introduit dans le palais; il ne cherche pas à faire de la divination avec un sablier cette fois et Aladdin se fait capturer sur son ordre.



Sans passer par la case prison, il se retrouve dans le désert, près de Jafar (pas déguisé) qui lui apprend que Jasmine est en réalité la princesse (et ça avait quand même plus d'impact quand elle l'annonçait elle-même). Et que pour être entré dans le palais, il risque la prison, l'obligeant à l'aider. Et donc comment Jafar sait-il qu'Aladdin est le diamant d'innocence ici?  Et bien en fait,  il ne peut pas en être sûr.


Une scène, juste après Nuits d’Arabie, le montrait confronté à un complice qui lui présentait de nouveaux criminels prêts à  être envoyés au casse-pipe de la caverne. Donc Jafar n'a pas ici de possibilité de divination, et doit utiliser cette méthode bien moins efficace.

Edit: Une scène coupée révèle qu'il a bien fait une tentative de divination, mais que ça a échoué. Mieux aurait valu la laisser, là Jafar a l'air d'un couillon qui avance au hasard, sans avoir cherché à être plus efficace...

Evidemment les repris de justice ne sont pas vraiment des diamants d'innocence, et c'est l'échec depuis des mois (et on dirait que Jafar cherche à trouver le bon candidat en les...flairant?) . On vous laisse imaginer le nombre de victimes. Auxquelles il faut ajouter le complice que Jafar excédé pousse dans un puits.  La scène m'a laissée dubitative car d'un côté, encore une fois, c'est moins logique que dans le dessin animé; que Jafar finisse par tomber sur la bonne personne, c'est une complète coïncidence. De l'autre, ça souligne sa cruauté, car cette version du personnage marche sur bien plus de cadavres.



Et à cause du voyage à la caverne,  Jasmine va attendre Aladdin en vain la nuit suivante. Notez que cette fois elle n'aura pas l'occasion de le croire mort (n'ayant pas vu les gardes l'emmener) . Ça n'a l'air de rien, mais la voir dévastée après une fausse nouvelle de décès, rendait plus vraisemblable l'attachement qui se construit...






Car ici, basiquement, Jasmine est amenée à croire que "Tous les mêmes, ne tenant pas leurs promesses."  Entre ça et le soit-disant vol, on dirait que tout est fait pour qu'elle aie une opinion négative d'Aladdin (et ne lui fasse pas confiance)...Ce n'est pas tout: Jasmine sait qu'elle ne peut rien changer au sort d'un mort dans le dessin animé, donc elle ne le fait pas rechercher, normal.

Ici, elle se décourage pour un simple lapin sans chercher à savoir, ni à rendre sa suivante utile en l'envoyant vérifier si l'abri est bien vide, ni rien...Jasmine serait plus obéissante que dans le dessin animé? Mauvais point.

Edit: Le DVD a révélé qu'il devait y avoir un duo à ce moment, Desert Moon.





Là ça fait sens, un nouveau duo pourquoi pas, (il y en avait un à Broadway, A million miles away), la chanson est belle...mais si elle n'est pas là, à quoi bon? La scène est alors aussi décevante que je l'ai dit.


 Un détail est intéressant cependant, Jasmine porte une jolie robe dans cette  scène, qui n'a rien à voir avec celle d'une servante. Comptait-elle avouer à Aladdin qu'elle n'en est pas une? Ça m'en a tout l'air, et on peut se demander ce qu'elle voulait faire ensuite (fuir)?


La caverne est ici une tête de lion adossée à une falaise, moins impressionnante que la tête de tigre stylée qui surgissait du sable...mais faite d'un  CGI visible aujourd'hui, a-t-on cherché à le rendre plus discret ici? En tout cas, elle semble avoir toujours été là, simplement adossée à sa falaise, et nullement cachée. Pas d'ouverture avec le talisman scarabée, la difficulté ne semble pas de trouver le dispositif d'ouverture ici, mais de trouver qui peut entrer. 


Le passage à l’intérieur est presque le même, mais je me pose un instant : avez-vous déjà vu une de ces vidéos "Ce film n'a aucun sens" , avec les failles logiques (selon les auteurs) recensées les unes après les autres? Certains youtubers ont profité de la sortie dudit remake pour passer le film de 1992 à cette moulinette, mais à mon avis tout ne relève pas de l'absence de sens pur et simple (il y  a de la mauvaise écriture parfois, mais moins qu'on l'a dit). 




L'un des reproches faits communément c'est qu'il ne fallait toucher à rien, mais, oh, à un moment ils marchent bien sur le tapis volant et ça ne déclenche rien, ça n'a pas de sens. 





Pour moi si, car le tapis n'est pas un objet de tentation- je pense qu'il se trouve là parce qu'il connait le génie et l'a suivi la dernière fois qu'on l'a enfermé (à ma connaissance pas de "Tapis origin story" quelque part mais ça doit être intéressant). 




Ces gens pointilleux, en tout cas, vont bondir quand ils verront l'illogique de la version live: à un moment Abu tombe, et dans des pièces d'or. Techniquement il les touche mais rien ne se produit non plus. Un peu plus tard c'est Aladdin qui fait tomber un rubis en marchant dessus-techniquement il y a touché mais encore une fois rien. Puis Abu ramasse ledit rubis et c'est ce qui déclenche la fermeture, puis la fuite, de la caverne.

Cette scène est ici beaucoup plus courte, parce que les CGI et fond vert, bof, vision courante aujourd'hui? Il est vrai que les effets de la scène équivalente dans le dessin animé, très impressionnants à l'époque, le sont moins aujourd'hui.




Et puis Will Smith apparut...Contrairement à ce que presque tout le monde disait, non, ce n'est pas une vision aussi horrible que ça...quand c'est Will Smith qui est bleu, hein. Deux fois dans le film, il prend momentanément l'apparence de Mena Massoud et là oui, c'est horrible, j'en suis presque tombée de mon siège.



Pour le reste, le génie ressemble très souvent à un humain, plus présent dans les scènes au palais (où il se fait passer pour un serviteur du "prince Ali").



A part ça le CGI est en effet plutôt convainquant, et Smith change d’apparence de temps en temps pour appuyer ses propos (il ressemble à une momie quand il explique qu'il ne ressuscite pas les morts). Et peut invoquer certains objets comme une paire d'haltères mais globalement il y a assez peu d'anachronismes.

Et pas d'imitations de célébrités: encore une fois je crois que c'était parce que cet humour avait mal vieilli. Clairement aussi, sa source d'inspiration, ce ne sont plus les Tex Avery. Mais j'avoue: le tableau qui apparaît brièvement à côté de lui et avec trois des personnages dessinés comme dans le film d'animation, c'était brillant.



Beaucoup de gens détestaient par avance parce que Will Smith n'est pas Robin Williams. Heu, merci Captain Obvious? Et qui d'autre l'était? Son humour est différent, oui, mais il passe selon moi. Dans Cendrillon (2015), la bonne fée n'était plus la même gentille grand-mère, mais une jeune femme excentrique (Helena Bonham-Carter), sorte de jumelle bénéfique de Bellatrix Lestrange. Selon moi ça passait car elle reste étourdie.



 La voix française n'est pas celle de Richard Darbois (il paraît que certains fans s'y attendaient), mais même pas celle de Greg Germain non plus, la voix française habituelle de Smith. A la place nous entendons Anthony Kavanagh.



Un habitué des Disney: Buck (La ferme se rebelle), Ray (La princesse et la grenouille), et Maui (Vaiana), c'était lui.  Et qui s'en tire plutôt bien, surtout en chanson. A ce propos: moi ce que je redoutais avec le casting de Will Smith , c'est que je ne l'avais jamais entendu chanter, seulement rapper.






Heureusement, il chante bien dans Prince Ali et Je suis ton meilleur ami, il y a juste un court passage rappé dans la seconde.





Sauf que...dans le générique, il y a une reprise complètement rappée et je n'ai pas aimé du tout, trop anachronique. Mais il est vrai que je n'aime pas le rap, pour commencer.

Pas plus que P.L. Travers n'aimait les dessins animés.



                                       (Donc rien ne vaut la reprise jazz de Ne-yo, que j'aurais bien vu dans le rôle s'ils n'avaient pas eu Will Smith)



Des gens étaient dubitatifs sur le rôle tenu par un afro-américain (plutôt qu'un arabe), mais le personnage n'a pas vraiment de race. En fait dans les renditions live (à Broadway, dans Once upon a time, dans Descendants...), il y a une habitude de rendre les personnages à la couleur de peau inhabituelle (le génie, Ursula) par des acteurs afro-américains.





En fait, je crois que faire tenir le rôle d'un génie par un afro-américain est courant...Peut-être parce qu'un génie supplémentaire du conte original, celui de la bague, est décrit comme ressemblant à un africain. Le film Kazaam est une belle bouse, mais ça ne l'empêche pas d'avoir de perturbantes similitudes (le génie y est joué par Saquille O'neal, et il rappe). En fait il y est question de la même absurdité de l'être magique qui ne croit pas en d'autres créatures surnaturelles. Kazaam affirmait que les djiins (des génies omnipotents) n'existaient que dans les contes (techniquement c'est pourtant la même espèce que les génies). Et là, le génie ne croit pas aux géants.



Le tour pour sortir de la caverne n'est pas le même : faire un vœu requiert de tenir la lampe, or Aladdin ne l'a pas entre les mains au moment d'énoncer le vœu de sortir. Le génie sceptique "rembobine la cassette" (l'un des anachronismes donc) pour vérifier cela.


Et pendant ce temps, Jafar n'a pas l'idée d'épouser Jasmine pour prendre le pouvoir. Sa motivation, en fait, est qu'il ne supporte pas l'autorité et d'être l'éternel second du coup. Mais ce n'est pas tout. Il a un ardent désir de vengeance contre le royaume voisin de Shirabad (après avoir passé cinq ans dans leurs geôles), donc espère le mariage de Jasmine avec un prince qui possède une puissante armée. Puis, de l'utiliser pour ses projets d'invasion. On peut supposer qu'il aurait manipulé le prince en question en l'hypnotisant.



 En fait, quand Jafar croise le "prince Ali", les yeux de sa canne s'allument! Voilà qui répond à la question: Jafar peut-il hypnotiser quelqu’un d'autre que le sultan? Là, il essaye, mais on n'est pas sûr du résultat en ce que le génie interrompt très vite la scène.


Edit: 


Depuis la sortie des scènes coupées, on sait qu'en fait, ça n'aurait pas déplu à Jafar que le sultan le désigne comme héritier par alliance...puisqu'il imagine brièvement une telle scène. Mais pour finir, Jafar n'osera pas en faire la suggestion tout haut dans cette version.

Juste auparavant, la transformation en prince, puis la chanson Prince Ali sont deux moments rendus de façon sympa. Mais juste après...au secours. D'abord, il manque ça.

Je pleure de rire à chaque fois.


Mais ce n'est pas tout. C'est hélas le moment où on cherché à faire dans la totale comédie du film d'animation. Plus exactement, de la "cringe comedy". Un moment où un personnage s'embarrasse, comme s'il s'enterrait lui-même avec une tractopelle.




Dans le film d'animation, le moment où, juste après Prince Ali, Aladdin est présenté au sultan et à Jafar, il s'en tire plutôt bien. Je veux dire, comme il prend apparemment inspiration des princes abrutis qu'il a dû croiser jusqu'alors (comme Achmed), le résultat est plutôt infect question caractère. Mais les manières ça va; même les questions de Jafar sur son soi-disant "royaume"  ne le déstabilisent pas. On peut supposer qu'il a pris le temps d'être briefé sur ce point (Ben quoi? Si le génie peut générer  un livre de recettes royales, il peut faire apparaître L'étiquette pour les nuls.)





Mais là non, pas de préparation en amont, ça se voit au simple fait qu'Aladdin utilise le mauvais terme pour s'adresser au sultan. Et un point de logique en moins pour le remake.  Pire, quel est donc ce délire à propos des compotes, je n'ai pas suivi...Surtout qu'on en a fait un running gag dont il est encore question à la fin (mais la blague sur le Nil, c'était plus drôle). Comme si le film me tendait une pancarte "Rigole!",  mais en vain.




Et Jasmine part, cette fois, en appuyant sur le running gag une dernière fois...Au moment où elle était censée lâcher sa grande phrase.


C'est terrible de penser "Et donc à la place, on a ça." Malgré que ladite réplique avait été maladroitement traduite en français.

(Il paraît que c'était le résultat d'une improvisation, et ça se voit. Contrairement à celles de Robin Williams ou Gilbert Gottfried: Ça, il ne fallait pas garder...vraiment pas.)



Le génie conclut:  "En 10000 ans, je n'ai jamais été aussi embarrassé." Et bien je l'ai été aussi, même si je n'ai pas 10000 ans. Seul détail qui me plaît, Aladdin qui laisse tomber le turban à partir de là. Même dans le dessin animé, je n'ai jamais trouvé ce truc très esthétique.


Une scène supplémentaire s'intercale ici, une de bal, qui m'avait enthousiasmée dans la bande-annonce, semblant aussi belle que dans le remake de Cendrillon. C'est là aussi qu'il y a le gag, assez drôle, du génie qui "pousse" littéralement Aladdin, le faisant s'exclamer "Sérieusement!"



Le prince Anders se révèle être encore là, donc, et le génie fait remarquer à juste titre que "le prince Ali" devrait se lancer aussi. Sauf qu'il n'ose pas. On a de toute évidence affaire à une version plus timide des deux personnages principaux. Ici, c'est au point qu'Aladdin fait un complexe d’infériorité face à Anders...C'est une blague, là, non? Face à un homme bête comme une chaise? Mais où donc sont passées la témérité et l'audace du personnage que nous connaissions?

Aladdin finit quand même par aborder Jasmine qui accepte ses excuses (elle est plus polie et timorée que l'originale), et on finit par lancer la scène de danse (traditionnelle indienne, vu où nous sommes).



Sauf que, apparemment, c'est encore une chose qu'il n'aura pas pris la peine d'apprendre en amont. Le génie intervient mais aide un peu trop fort, s'inspirant d'un trope que déjà à la  base,  je déteste.



C'est rare et je ne connais que deux occurrences, dans les téléfilms Barbie apprentie princesse et Il était une fois à Castelbury. Dans les deux cas, une scène de bal impliquant l'héroïne (une roturière perdue dans la royauté, aussi) commence avec des pas et une musique de valse très académique. Puis tout à coup la musique devient très moderne et la chorégraphie de même. Je déteste le message sous-jacent: en quoi la musique classique c'est mal, enfin?





Là en plus, ça donne une raison supplémentaire à Jasmine de penser qu'elle a affaire à un prince comme les autres, qui ne s'intéresse pas à elle en tant que personne; la scène tourne court, dommage. Et oui, comme l'admet le génie: "C'était peut-être de trop".

Mais la scène suivante rattrape assez bien. D'abord, on  éloigne Dalia en envoyant le génie lui proposer un rendez-vous (car le génie en pince pour la suivante). Puis Aladdin arrive sur le balcon comme on le sait, sauf que, ouf, Jasmine ne sort pas un numéro de séduction façon entraîneuse.



Mais à la place elle pose  des questions sur le royaume du "prince Ali". Ce que presque personne ne faisait dans le dessin animé il est vrai. Le génie peut être contacté à distance et fait apparaître un royaume du nom "d'Ababwa" sur une carte. Mais auparavant, il utilise ce biais pour encourager à dire la vérité. Et même avant, il fait apparaître un château avec "Fantasyland" écrit dessous...ok, gag mythologique, j'ai gloussé à nouveau.



Hélas! Ce rêve bleu tombe à plat. C'est pourtant exactement la chanson qu'on connaît. C'est vrai que le tapis qui voyage jusqu'en Chine dans le dessin animé, ça veut dire qu'il va à une vitesse supersonique.



  Mais là je me moque bien du réalisme, licence poétique, je comprends pourquoi on avait fait figurer toutes ces destinations différentes dans le dessin animé: parce qu'on en prend plein la vue (les feux d'artifices, mais aussi la statue d'Eros en Grèce, hautement symbolique). Là, le tapis "reste dans le coin" et la chanson m'a parue affreusement courte avec ce simple "tour du pâté de maisons" en dépit du fait qu'il ne manque pas un vers.



Pire, il manque des gestes pourtant tout simples comme la fleur cueillie au début et que Jasmine se met dans les cheveux. Juste un détail?



Souvenez-nous, après, on la retrouve sur la coiffeuse de Jasmine, qui conserve  précieusement  cette simple plante telle une adolescente  éprise...qu'elle est. Et ça le montre.



J'y reviendrais mais cette version live est très avare en non-dits. Et tous ceux qui ont lu le manga Princesse Kilala savent que l'importance d'une fleur peut être fondamentale.



A la fin, elle devient une gemme Macguffin!


Quand Jasmine perce l'identité du "prince Ali", il répond que c'est son vrai nom...et que son équipage le prouve, un voleur n'aurait pas trouvé ces ressources. Mais je ne pense pas que c'était la peine de souligner cette preuve: selon moi il était implicite dans le dessin animé que Jasmine arrivait à cette conclusion.

Par la suite, je l'ai dit, le baiser sur le balcon doit être l'un des plus iconiques avec celui de Spider-man.


 Par un intéressant effet Mandela, le merchandising, et pas mal d'artistes, rendent cette scène avec une magnifique pleine lune à l'arrière -plan (ou/et des étoiles filantes) qu'il n' y a pourtant pas.


























Vous pouvez vérifier.


Mais c'était tout ce qui manquait pour que la scène soit tout à fait classe, et j'aurais pensé que les réalisateurs du film bondiraient sur l'aubaine.

Mais non...on sent la présence d'une pleine lune au -dessus, mais pas derrière. Le tapis donne une impulsion aussi- mais s'arrête, pour que l’initiative revienne bien aux personnages. Et surtout: c'est un baiser timide (encore) et très court. C'est un smack d'ados qui ont peur d’attraper les microbes de l'autre, à comparer au french kiss de la première version. De plus en plus comique, cette tendance du dessin animé à être le plus mature des deux... En revanche, Mena Massoud qui tombe en arrière avec un "oui", c'est étonnamment proche de l'original.






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